Université de Liège : Les premières forêts communautaires au Gabon
As seen on the University of Liege
Depuis près de 15 ans, le Laboratoire de foresterie tropicale et subtropicale de Gembloux Agro-Bio Tech, dirigé par le Pr Jean-Louis Doucet, est impliqué dans la promotion de la gestion participative des massifs forestiers d’Afrique Centrale. Entamés au Cameroun dès la fin des années 90, c’est au Gabon que les travaux de recherche appliquée pour le développement du concept de foresterie communautaire ont été poursuivis.
Dans ce pays, il n’existe pas de système de gestion durable ou raisonnée des forêts villageoises. Pourtant, elles sont sujettes à une exploitation importante et très souvent destructrice. La foresterie communautaire se présente donc comme une alternative durable.
En ce sens, et en collaboration avec l’asbl Nature+, le laboratoire a été le partenaire technique du projet Développement d’Alternatives Communautaires à l’Exploitation Forestière Illégale (DACEFI), porté au niveau national par le WWF-Gabon et financé par l’Union européenne en deux phases (2006-2008 et 2010-2014).
Suivi par le Pr Cédric Vermeulen, l’enjeu du projet est de taille : proposer un cadre légal et technique adapté tant aux administrations qu’aux communautés villageoises, en partant de sept articles de loi votés en 2001 et d’un unique décret pris en 2004.
Chercheurs, ingénieurs et techniciens ont ensemble œuvré pour la mise en place d’un modèle qui soit adapté au contexte socio-économique du pays, en s’inspirant des réussites et des échecs des expériences passées. Ces deux dernières années, de nouveaux textes légaux ont été promulgués, et des protocoles techniques adoptés, ce qui permet, selon l’assistant technique principal Quentin Meunier, d’envisager aujourd’hui une mise en œuvre efficace du concept.
Et les décideurs politiques ont suivi : Le Ministre des Eaux et Forêts a en effet signé, le 16 septembre 2013, les décisions d’attributions des deux premières forêts communautaires gabonaises, dont une est issue des communautés soutenues par le projet DACEFI. Il s’agit d’une avancée notoire qui récompense un plaidoyer technique et institutionnel de plusieurs années.
Une belle réalisation donc de Gembloux Agro-Bio Tech, dont la recherche mise au service des populations locales et des administrations nationales permet de développer un mode de gestion local prometteur sur les plans sociaux, économiques et environnementaux. C’est un grand pas en avant, mais il reste cependant du chemin pour garantir la viabilité de ces forêts communautaires. L’accompagnement technique se poursuivra jusque fin décembre 2014, et pourrait éventuellement se prolonger lors d’une troisième phase, qui permettrait de garantir la mise à l’échelle nationale du concept de foresterie communautaire, notamment via la formation du personnel de l’administration forestière.